La série des Inaperçus est née de mon observation des tourbières dans le Limousin. Le passé n’est pas derrière nous mais sous nos pieds. Il s’évapore, virevolte, comme une mémoire flottante, petite brume légère, presqu’une haleine.
“ Par son écoute du sol, l’artiste révèle ce qui nous relie, la terre est un fluide qui traverse les êtres, les animaux, les feuillages comme en Afrique animiste ou en Mongolie, là où les hommes croient que même les choses ont une âme. Des réseaux se tissent, invisibles, des fils tendus entre la vie et la non vie et ce qui ne se voit pas apparaît en couleur dans son travail plastique: on plonge dans le vert-feuille, le rose-éros ou le bleu-ciel. C’est une logique de la sensation, comme la nomme Gilles Deleuze. Les formes s’arrondissent, se répètent, les matières, laine ou coton, rappellent des motifs naturels. Les tracés sur ses toiles sont des chemins à prendre, ces lignes ouvertes, ces ovales sensuels créent des impressions d’infinis et d’érotisme latent, comme des prolongements des creux et des vagues du corps, les ondulations de l’Océan ou la terre-mère des tourbières du Limousin, le cosmos est ici, désirant et unifié dans l’instant formel. Ses œuvres sous-verre nous regardent, ce sont des yeux, des fleurs venues d’Espagne, des seins ronds comme des abstractions mathématiques ».
Laurent Quénéhen, commissaire d’art, extrait du catalogue Je vois  le ciel au fond du puits, ed. Hautville, 2016.