Communiqué Galerie du Buisson, 2014

“L’artiste Julie Navarro rend hommage à Romain Gary — il aurait 100 ans cette année — à travers des créations inspirées de ses écrits, en particulier les Trésors de la mer rouge où Romain Gary plonge le lecteur dans un autre monde, un autre temps.

Il est question des hommes, de leur errance et de leur courage: «Les trésors que j’ai ramenés de là-bas sont immatériels et, lorsque la plume ne s’en saisit pas, ils disparaissent à jamais. Le romancier que je suis, amoureux de ces diamants éphémères, parfois très purs, parfois noirs, mais toujours uniques et bouleversants dans leur mystérieux éclat, est parti à leur recherche vers cette mine de richesse et de pauvreté inépuisable que l’on appelait jadis l’âme humaine (…)».

La recherche picturale de Julie Navarro est propice aux transpositions poétiques. Romain Gary, né sur une terre aux frontières changeantes est expert en dédoublement et en instabilité. Il exalte l’ambivalence du monde et cherche le dialogue avec les identités en devenir.

Sur ses traces, et suivant un sillage esthétique qui ne se devine jamais, Julie Navarro poursuit la rencontre avec les mythes, accédant à des frontières de lectures et d’interprétations nouvelles. Elle expérimente les facultés de la peinture à restituer les matières, la lumière et les vibrations, et charge les pierres géantes du poids de l’Histoire incarnée dans la matière pétrifiée. Dans une vidéo, la matière ovale — un ovni? — vibre dans le paysage incertain et emporte avec lui l’expérience du temps.

Julie Navarro explique: «Par voler plus haut, j’exprime une aspiration vers le haut, au sens propre comme au sens figuré. Le monde que je dessine se métamorphose en objets célestes qui vibrent silencieusement, à la recherche d’un au-delà et en quête d’une géologie nouvelle, cosmique et sensible. Je laisse ainsi dériver pensées et objets par association d’idées. Ici, les pierres célestes roulent sur elles-mêmes, se décollent du sol et pénètrent enfin une zone d’indiscernabilité où le faux et le vrai s’effacent, où la fiction et l’éternité l’emportent sur la réalité».

Le flou devient un motif récurrent qui exprime le mouvement des choses, des âmes, des hommes, leurs fragilités, leur instabilité. Le corps toujours en métamorphose, se retrouve dans la série Chien blanc où Julie Navarro dépeint des scènes animalières: la lutte des corps se confond à l’euphorie physique. Entre excitation, douceur et résistance, et à l’aide de décadrages picturaux radicaux, l’artiste ouvre l’imaginaire aux frontières de l’abstraction.”


La série de peintures et le photogramme de la vidéo éponyme sont présentés à Mach 1 en 2019, à la galerie Julio, par le critique d’art Laurent Quénéhen  :

“ Mach 1 est un projet sur les moments où tout peut s’accélérer, sur le cosmos et les trous noirs, sur le cœur qui s’affole, sur le son visible lors du bang supersonique, lorsque la vitesse de la vie dépasse celle du son. Ce que l’on perçoit juste avant que cela arrive.Il est des installations à la limite de la magie noire, des incursions dans l’irréel, des survols de territoires inconnus. Les artistes de Mach 1 élaborent des plans, essaient des œuvres de persuasion, imaginent des tactiques et installent de nouveaux univers entre la réalité, la science et l’art. Cette exposition croise la vitesse du son à celle de la monstration hic et nunc, un moment fulgurant qui bat la chamade au cœur de chaque œuvre et rallume encore les étoiles.(...) Julie Navarro travaille par association d’idées à l’élaboration de sensations visuelles. Elle a photographié un objet volant non identifié qui survolait la campagne française. Malgré la brume matinale, l’artiste a réussi à capter ce vol éphémère, en tirant une masse saisissante et fantomatique. En réalité un phénomène physique rare couplé à un voyage en train qu’elle a filmé et associé à cette apparition. Autre vision tout aussi poétique de son travail, la peinture « Black Diamond », un diamant noir vivant comme un œil géant dans l’espace, ainsi que Rihanna dans sa chanson « Diamonds » l’a également entrevu : « So shine bright tonight, You and I – Eye to eye – So alive – We’re beautiful like diamonds in the sky ». Laurent Quénéhen, 2019 extrait du texte d’exposition de Mach 1 avec Julie Dalmon, Julie Navarro, Daniela Zuniga. “